mercredi 16 juillet 2008

Sentier des Halles - 5 Juillet - Partie 3

Résumé des épisodes précédents (premier et deuxième) : PHP s’apprête à monter sur scène en compagnie de musiciens dont il a oublié le nom et en ayant appris par coeur une série de textes dont il ignore le sens. La comédie est sur le point de virer au drame carmin.


L’intro est lancée. Le public ne rit pas lorsque la voix de l’ordinateur lui demande « quel est le sens de l’existence humaine ». Ils doivent connaître la réponse. Il va falloir jouer serré avec une audience aussi bien préparée !

Dès les premières mesures, l’émotion m’étreint. Je ne suis pas aussi émotif habituellement. Quelque chose est en train de se jouer, à laquelle nous n’étions pas préparés. Jeeb pour Isidore s’achève dans le fracas d’une walking bass déchainée sur laquelle se fracasse le sweeping vertigineux d’Alain (d’autre termes anglais suivront, n’en déplaise aux puristes de la francophonie).

Quelques mots peinent à franchir ma luette. La salle est comble et les paires d’oreilles grandes ouvertes. J’essaie d’avoir l’air cultivé en citant des auteurs dont on a oublié le nom des oeuvres, mais dont les actions historiques résonnent encore en nous. « La formule pour renverser le monde, nous ne l’avons pas trouvée dans les livres, mais en errant », disait la voix caverneuse de Guy Debord dans son film de 1978 dont le titre est un étonnant palindrome : In Girum Imus Nocte et Consumimur Igni.

Après avoir essayé de Renverser le Monde, je détourne une phrase de René Char (puisse sa plus grande admiratrice me pardonner...) : « Il sera toujours temps pour Charlie d’apprendre qu’on ne peut tailler dans la vie sans se couper. » C’est le Retour de Suzy.

J’exhorte alors le public à sortir les mains de ses poches, non pour applaudir, mais pour remplir la sébile que nous tendons afin de renflouer nos finances (et celles de Sensitive to Light). Un grand froid s’abat sur l’assemblée. Je me mords les doigts, ce qui ne va pas augmenter ma virtuosité.

Puis viennent l’Intranquillité et Charivari, suivies de Dyptique Deus (Opus Seth, Horus), long périple instrumental et poétique sur les traces des Anciens Dieux devenus vagabonds dans les bidonvilles de nos banlieues sous domination marchande.

Pour la présentation des musiciens, comme personne ne m’a rappelé comment ils s’appelaient, j’invente des noms. Personne ne s’aperçoit de rien... J’ai moi-même du mal à comprendre.

Puis nous finissons par avouer nos Brûlants Secrets, dans la joie de la thérapie de groupe !


(A suivre…)



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